Pension Owsen
Administrateurs : Kriss Owsen
 
 Pension Owsen  Administration Générale  Répartition 

 Alice Cullen

Nouveau sujet   Répondre
 
Bas de pagePages : 1  
Cullen_Alice
Rien n'est décidé
Elève d'Aqua
6 messages postés
   Posté le 14-08-2007 à 13:12:34   Voir le profil de Cullen_Alice (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Cullen_Alice   

Ce matin là, un soleil terne et faible s’était élevé au dessus de la grande ville, un soleil comme les autres, nullement annonciateur d’un bouleversement important. Et pourtant…
Alice était assise dans une véranda luxuriante, un livre sur les genoux qu’elle tachait de lire avec application, bien qu’il soit presque aussi terne que le soleil qui venait de faire son apparition. Bien sur, c’était son père qui l’avait choisi pour elle…
Un domestique eut l’extrême bonté d’interrompre ce moment de torture en lui tendant une lettre. Il adoptait comme toujours cette attitude basse et résignée qu’ils avaient tous et que Alice détestait par dessus tout, à croire qu’ils n’étaient éduqués que pour la considérer comme une patronne et non une humaine. Elle le remercia cependant avec un sourire aussi résigné que l’attitude de l’homme et saisit la missive. Elle fut bien sur, comme tout le monde, légèrement surprise par le cachet.
Elle parcourut la lettre calmement, un haussement de sourcil venant simplement parfois déformer les traits de son visage de poupée de glace. Lorsqu’elle l’eut relu trois fois, donc suffisamment pour avoir appris le contenu par cœur et ne plus avoir aucune excuse pour ne pas poursuivre sa lecture, elle posa la lettre sur la table basse de la véranda et replongea dans son livre, parfaitement indifférente à ce qui venait de lui arriver. Elle ne voulait pas savoir ce qui allait découler de cette nouvelle. La simple perspective du visage de ses parents voyant le prodige qu’était leur fille la répugnait.

Ils finirent par se lever bien sur. Avant même de prendre leur petit déjeuner, ils virent la voir. Alice songea avec une pointe de sarcasme qu’ils auraient mieux fait d’avaler quelque chose avant d’apprendre un tel retournement de situation.
Son père saisit la lettre en demandant e que cela pouvait bien être, question purement rhétorique puisqu’il se mit à la lire à voix haute avant même d’attendre la réponse d’Alice, réponse qu’elle n’aurait de toute façon pas donnée, bien trop occupée qu’elle était à faire semblant de lire son livre.
S’en suivit le moment hautement redouté. Ses parents la félicitèrent, sa mère lui sauta au cou pour la serrer fort contre elle et son père lui pressa l’épaule avec dignité, lui assurant qu’ils étaient tous deux très fiers d’elle, qu’ils savaient à quel point l’idée d’exploiter ses dons devait être palpitante pour elle, et blablabla et blablabla. Elle n’écouta qu’à moitié ce discours de coach de bas étage.

Ils préparèrent les affaires de la jeune fille ensemble, achetèrent le nécessaire ensemble, firent ses valises ensemble, mais c’est seule qu’elle tint à partir pour la pension. Elle avait besoin de laisser retomber son masque de jeune fille heureuse et surexcitée à l’idée de faire son entrée dans la trèsprestigieusepensionOwsen pour décompresser quelques heures. Voilà une semaine qu’elle devait se lever chaque matin avec le sourire, feindre la fierté et la joie de vivre, supporter les commentaires de ses parents sur la trèsprestigieusepenseionOwsen, et surtout affirmer se réjouir de partir dès qu’elle en avait l’occasion. Après tout, ce n’est pas n’importe qui qui entre dans la trèsprestigieusepensionOwsen.

Elle songea lorsqu’elle fut assise dans la calèche qui devait la conduire dans la trèsprestigieuseblablabla qu’elle aurait encore préféré être n’importe qui. Elle aurait aimé jardiner, vendre ses légumes sur un marché improvisé en lançant aux clients des sourires enjoliveurs, vivre simplement de ses récolte et de son courage. Elle aurait voulut être une jeune fille comme les autres, s’inquiéter simplement de ses 18 ans révolus et des garçons qui l’entouraient. Ce qu’elle aurait souhaité par dessus tout, c’était se demander chaque matin ce qu’elle allait bien pouvoir mettre, et ne pas se résigner à ne porter que du noir pour évacuer cette préoccupation inutile de son esprit et se concentrer sur des problèmes plus grave, tels que la trèspresti… Oh et puis zut, elle ne voulait pas aller dans cette pension ! Toute sa vie, ses parents l’avaient montée en phénomène de foire par ses dons de voyances, dons particulièrement légers en plus de ça. Elle ne cessait de répéter que même la voyante de la place publique était plus performante qu’elle, mais non, ils continuaient à croire qu’elle était exceptionnelle, ce qui était d’ailleurs la seule chose qui lui faisait encore avoir de l’importance pour eux. Encore avant son départ, son père l’avait taquiné en lui demandant de regarder les résultats des prochaines courses pour lui. Elle en avait frémi de dégoût.
Et voilà qu’elle allait se retrouver dans une école encore plus prétentieuse que la richesse dans laquelle elle s’était noyée chaque jour un peu plus, rencontrer des gens « exceptionnels » et n’être vue par les autres qu’à travers ce don stupide dont elle n’avait jamais voulut. Voilà ce qui allait se passer. Et elle ne voulait pas de ça. Avec sa majorité, elle avait enfin espéré pouvoir échapper à son calvaire, et voilà qu’un directeur stupide l’y renfermait pour des années de nouveau supplice. Elle n’estimait pas avoir mérité ça. Enfin bon… Elle allait faire bonne figure comme toujours.

La calèche s’immobilisa enfin devant une battisse encore plus grande et pompeuse que ce qu’elle avait imaginé. Elle poussa un soupir las et descendit de voiture tandis que son domestique partait en quête d’un endroit ou ranger ses affaires. Elle prit tout le courage qu’il lui restait, c’est à dire peu, à deux mains pour afficher un nouveau sourire aimable, légèrement intimidé et ravi avant de gravir les portes.
Elle avança le long d’un couloir dont les murs étaient si hauts qu’ils ressemblaient à s’y méprendre à ceux d’une prison, quoique légèrement plus BCBG. Quand elle entendit la porte se refermer sur elle, son cœur se serra tellement qu’elle eut envie de pousser un hurlement de désespoir. Elle avait la sensation d’avoir été prise au piège. Le bruit de cette porte resterait à jamais gravé dans sa mémoire…
Mais bon, au lieu de hurler, elle se contenta de sourire de plus belle quand elle franchit une porte plus fraîche et luxueuse qui menait à une grande salle.

Elle qui avait espéré un accueil discret !! Un millier de paires d’yeux au moins était braqué sur elle. Quelques sourires moqueurs s’affichaient déjà sur les visages à l’idée de la voir faire ses preuves. D’autres étaient plus encourageants, mais ils ne plurent pas d’avantage à la jeune fille. C’était des sourires qui disaient clairement « Tu vois, tu es comme nous, bienvenue, on se serrera les coudes t’en fais pas va… » C’est ça oui. Sans prétention aucune, on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes. Et sa place de torchon lui allait parfaitement, jusque là. Mais plutôt que d’être inutilement agressive, elle évita soigneusement les regards et s’avança avec toute la dignité des personnes riches jusqu’au centre de la salle, regardant Kriss avec une expression totalement figée. Elle n’avait plus la force de sourire, et malgré elle, c’est un regard suppliant qu’elle lui lança quand le tourbillon commença à s’élever sous elle. Faites qu’il se soit trompé. Faites que je n’ai rien à faire dans cet endroit, je vous en supplie. Ne me laissez pas finir mes jours enfermée dans l’une ou l’autre de ces prisons dorées. Laissez moi partir…

Une fois de plus malgré elle, elle se laissa inspecter à cœur ouvert tandis qu’un tourbillon bleu et rouge l’aveuglait de sa lumière écrasante. Elle dévoila son envie irrésistible de partir d’ici à toutes jambes, et ce fut ce qui ressortit en premier au milieu des flammes, bientôt remplacé par d’autres sentiments qu’elle n’aurait jamais laissé personne regarder de son plein gré. Sa froideur et son indifférence, l’absence de bonheur qui la gagnait peu à peu, ses petites joies de vivre, les petits rien qui faisaient qu’elle n’était pas encore morte d’ennui. Un ruisseau qui coule, une main qui s’était tendue parfois. Elle refusa cependant l’accès à ses souvenirs du mieux qu’elle put. Elle avait bien trop honte de son passé. Elle laissa les flammes lécher ses plaies intérieures, cette sensation d’étouffement qui l’envahissait sans cesse, cette envie de partir seule cultiver un coin de terre, la haine involontaire mais inévitable qu’elle avait de ses parents et de tout le monde qui gravitait autour d’eux, son dégoût prononcé pour le luxe, son amour pour les plantes et la vie qui s’échappait de la faune et la flore, et enfin, surtout, le plus important, sa révulsion totale et incommensurable pour le don qui lui avait bousillé la vie, et qui l’avait obligée à venir ici, coincée qu’elle était au milieu de ces flammes, ne pouvant qu’espérer que la suite soit un peu moins pénible que ce qu’elle avait vécu jusque là.

Elle dévoila également une certaine culpabilité. Elle s’en voulait de donner une opinion si péjorative de sa situation à cet homme, qui, au fond, n’avait pas l’air particulièrement antipathique. Après tout, ce n’était effectivement pas n’importe qui qui avait la chance de franchir les portes de cette merveille. Mais elle n’y pouvait rien, elle n’avait jamais voulu ça. Elle avait honte de son don, et elle se détestait encore bien plus qu’elle ne détestait le reste. Elle se sentait insignifiante, et les proportions gargantuesques que les gens donnaient à son troisième œil n’avaient toujours fait que la gêner horriblement. Elle n’était pas exceptionnelle, elle n’avait pas sauvé le monde, ne s’était même jamais battue pour garder celui qu’elle avait aimé, le seul qu’elle avait jamais aimé… Alors pourquoi tant de complaisance ? Pourquoi tout le monde semblait il la considérer comme une personne à part, elle qui n’avait jamais fait que vivre et se laisser empêtrer dans une situation dont elle ne voulait pas ? Elle se sentait lâche, perdue au milieu de cette foule, aussi méprisable qu’un parasite. Et plus elle pensait, plus elle savait ne jamais avoir mérité une telle place. Elle en était indigne, par le simple fait qu’elle n’en voulait pas.


--------------------

On croit connaitre l'avenir et tout à coup... Il s'envole
Haut de pagePages : 1  
 
 Pension Owsen  Administration Générale  Répartition  Alice CullenNouveau sujet   Répondre
 
Identification rapide :         
 
Divers
Imprimer ce sujet
Aller à :   
 
créer forum